Ne serait-il pas intéressant de répondre à cette question : si la recommandation de l’OMS est de pratiquer le sport santé, pourquoi choisir le Tai chi chuan ou le Qi Gong plutôt que toute autre pratique, après tout pourquoi pas plutôt la natation, la musculation, la marche ou les barres parallèles ?

Il ne s’agit pas de déconseiller toutes autres pratiques sportives qui sont toutes bénéfiques, et après tout il est tout aussi important de se faire plaisir.

Mais on peut s’intéresser aux raisons pour lesquelles la pratique du Tai Chi chuan ou du Qi gong seraient plus favorables au maintien de la santé que d’autres pratiques. 

Citons quelques points caractéristiques de la pratique cités notamment dans l’ouvrage de L Landsmann : « Exercices chinois de santé pour personnes agées »

• Le premier est que pratiquer ces exercices pour se maintenir en bonne santé ou se soigner est en soi une démarche active. Cette forme de coopération, individuelle et active qu’elle soit de nature préventive ou thérapeutique est un facteur clé de réussite.
• Le mouvement est créateur d’énergie biologique de la même façon que l’air que nous respirons ou la nourriture que nous absorbons. Mais il ne faut pas confondre « mouvement » qui est une base physiologique de notre vie et « effort physique » qui se rapporte plutôt aux nécessités variables de notre existence, et est plutôt consommateur et en tout cas pas créateur d’énergie. En cela le Tai Chi Chuan et le Qi Gong qui font à la fois appel à des mouvements très diversifiés, exercés en général lentement, et à une consommation minimale remplissent tout à fait cette caractéristique.
• Les exercices s’exécutent sous la conduite ininterrompue de la conscience, et la respiration est contrôlée et ralentie Ces actes conscients et même de durée relativement courte aboutissent d’une part à une détente et un repos pour le cerveau, et constituent d’autre part une intense stimulation de notre contrôle cérébral. Quant à la respiration consciente et ralentie, elle tonifie les centres nerveux parasympathique et sympathique, point essentiel pour les personnes âgées dont la respiration tend a devenir de plus en plus superficielle.
• La lenteur des mouvements constituent pour notre cerveau dont une section du cortex est le lieu ou « s’organisent » nos mouvements, une stimulation intense de notre motricité, de notre vigilance corporelle et de la précision de nos mouvements, ainsi que notre sens de l’équilibre corporel. Elle accroît notre tonicité et attentivité musculaire.
• Les instants de repos nerveux que procurent les mouvements conscients et lents se répercutent à leur tour de façon apaisante sur le système nerveux végétatif dont dépend le fonctionnement de nos organes. De cela résulte quiétude intérieure, un meilleur sommeil, une meilleure stabilité et un meilleur équilibre émotionnel.
• Grâce à leur grande amplitude et parce qu’en même temps effectués avec un effort musculaire réduit, les mouvements placent le cœur et l’ensemble de la circulation du sang dans des conditions de fonctionnement exceptionnellement favorables.

Ces points sont largement repris, développés et nourris d’applications concrètes dans l’ouvrage de Peter Wayne – Chercheur à l’Ecole de Médecine de Harvard, “Tai Chi : La méditation en Mouvement, une approche médicale pour un art millénaire.”

Cet ouvrage tente de montrer de manière objective l’espoir que représente le Tai Chi sur le plan clinique et de donner un aperçu des processus physiologiques sous-jacents qui expliquent ses bienfaits sur la santé, bienfaits qui font l’objet d’exposés succincts et objectifs s’appuyant sur des études scientifiques. Bien sûr la majorité de ses conclusions pourraient s’appliquer au Qi gong.

Peter Wayne propose une analyse des huit éléments actifs qui selon son étude sont contributifs des effets thérapeutiques en agissant de façon à la fois inséparable et en synergie. Ces huit principes qui font du Tai chi une pratique holistique si particulière, constituée de multiples ingrédients dont les effets nous imprègnent au niveau physique, psychologique, social et philosophique, 

•  Conscience et attention concentrée
•  Intention et croyance
•  Harmonisation structurelle dynamique
•  Relaxation active du corps et de l’esprit
•  exercice physique, renforcement musculosquelettique et souplesse
•  Respiration naturelle et plus libre
•  Interaction sociale et communauté
•  spiritualité, philosophie et rituel

L’auteur détaille chacun de ces éléments, en quoi ils sont mis en œuvre dans la pratique de Tai chi, comment ils interagissent, et impactent le système nerveux, cognitif, physique, psychologiques.